I. Entre bitume et lune

Haizaki Ryouhei / Elliot Ember


Mizukamiya Seiryuu / Acker Reese


00H58, c'est ce qu'affichait la montre d'Elliot à son poignet. Il savais pourtant qu'il devra se lever tôt, mais il n'arrivait pas à trouver le sommeil. Quelque chose l'en empêchait. Aurait-il peur de l'équipe Sélène ? Lui, Le Démon du Terrain ? Impossible. Perdu dans ses pensées Elliot entendit malgré tout l'appel de la faim de son estomac et dû se rendre à l'évidence, il crevait la dalle.


Le gris se leva en direction de la cuisine, petite mais ordonnée. Mais en ouvrant le frigo il se rendit compte que celui ci était vide, preuve que sa mère n'était pas encore rentrée et rentrerai sûrement demain dans la matinée. Il referma le frigo en soupirant, pris sa veste, un peu de monnaie éteignit les lumières puis sortit en fermant la porte à clef derrière lui.


Une fois dehors le vent frais vînt faire danser ses cheveux perles, les écartant de son visage. Il n'aimait pas les attachés, préférant les laisser bouger à leur guise, libres. Elliot descendit les marches métalliques. Il flâna dans les rues sombres seulement éclairées par les faibles lueurs crépitantes des lampadaires ci et là, attirant divers  insectes. Les rues étaient calmes étant donné qu'on était en semaine. Le gris s'engagea dans une petite ruelle qui l'amena devant un bâtiment comportant 4 étages, il le contourna pour accéder à l'escalier de secours qu'il emprunta. Au bout d'une dizaine de minutes il arriva enfin sur le toit, il s'assit sur le rebord, ses pieds pendant dans le vide. Il ferma les yeux, se laissant tomber en arrière contre le béton froid.


Ses cheveux auréolant sa tête. Il laissa ses oreilles traîner, il écouta tout, le moindre bruit, les volets qui grincent, les pas des passants dans la ruelle juste en dessous, les voix emmêlées de plusieurs personnes dévoilant une douce mélodie grâce aux différentes intonations. Les chiens qui chantent, les portières de voitures, leurs pneus sur le bitume, leur klaxons, leur moteur, Elliot avait l'impression d'être seul enveloppé dans tout ce bruit, cette mélodie. Il ouvrit lentement les yeux, contemplant la lune. Une lune belle, grosse, lumineuse, blanche, rassurante, apaisante, qui envoyait ses doux rayons fantomatiques sur la peau mate et les cheveux métalliques de jeune garçon. Au bout d'un moment, d'une durée inconnue, il aurait pu s'écouler 5 minutes comme une heure. Le temps y était figé, là haut sur le toit, à une distance qui n'existe pas entre bitume et lune. Elliot se leva, regarda les voitures en contre bas et, au loin, les grattes ciels illuminées, les éclairages dans les rues, la musique au loin, la population riche. Elliot emprunta à nouveau les escaliers pour retrouver la terre ferme. Il se dirigea à nouveau dans les rues pauvrement éclairées, il savait précisément où il allait, il pris à gauche pour rejoindre l'avenue principale, traversa la route, pris la 3e à droite puis la 1er à gauche pour atterrir devant un bar.


Le bâtiment était assez vieux au vu des salissures et de la peinture sur la façade ou de la mousse sur l'enseigne.


Elliot passa la porte en battants. L'air chargé d'alcool vînt s'abattre que le visage d'Elliot comme lorsqu'on sort par temps de pluie , on en est immédiatement imprégné. Le gris traversa le bar presque vide à cette heure là mise à part quelques personnes, de tout évidence bien torchées, qui discutaient joyeusement. Lorsque le barman reconnu le gris il entra dans les cuisines pour revenir avec une petite assiette de pâtes qu'il lui déposa sur le comptoir, ainsi qu'un verre d'eau. C'était leur arrangement, en échange de venir travailler 5 jours sur sept, lorsqu'il venait il pouvait avoir des pâtes ou des restes déduit de l'argent qu'il gagne pour les différentes tâches qu'il effectuait. Après avoir mangé il sortit son portable, il avait reçus un message de Acker Reese lui demandant s'il comptait venir au prochain entraînement, ou, comme à son habitude, s'entraîner dans les rues.


Elliot


Ça dépend


Acker Reese


Cela dépend de quoi ? Tu sais que l'on peut pas mettre en place l'esprit d'équipe, tu fonces toujours tête baissé.


Elliot   


Et alors ?


Acker Reese


...


Elliot sortit du bar sans prêter attention aux paroles des personnes ivres dans le fond de la salle. Il prit d'abord le chemin de chez lui mais se ravisa, il décida de prendre la direction d'un endroit qu'il affectionne tout particulièrement. Il sortit de la ville, traversa un champs, descendit une bute et se retrouva sur les bord d'un petit fleuve.Le gris enleva ses chaussure puis  ses chaussettes qu'il rangea à l'intérieur. Il plongea ses pieds dans l'eau froide, c'est quelque chose qu'il adorait, se baigner. Il s'enfonça dans l'eau noire jusqu'aux mollets, jusqu'au dessus du genoux, puis jusqu'au nombril, tant pis pour son pantalon et son sweat. Il continua à marcher jusqu'à ce qu'il atteigne le pilier central du pont qui traverse le fleuve. Au pied de celui ci une petite lande de terre où il grimpa comme à son habitude. Il regarda sa montre, 02H32.


-"J'en étais sûr, dit une voix au dessus d'Elliot qui leva la tête.


- T'es collant en ce moment, dit simplement Elliot.


- Je suis ton capitaine, c'est normal que je m'inquiète.


- Tch ! Ça le tuerait de l'admettre mais ces paroles touchaient le gris.


- Que fais-tu dehors à cette heure ? le questionna Reese.


- Ça te regarde ?!" répliqua Elliot.


Quelques minutes passèrent ainsi. D'un côté Elliot assit, la tête en arrière contre le pilier de béton, regardant les étoiles. De l'autre, Reese penché en avant contre la rambarde au dessus du pont, regardant l'eau noire.


-"C'est normal d'avoir peur pour demain tu sais, repris Reese.


- J'ai pas peur. 


- Tu veux me faire croire que tu n'es pas allé sur le toit ?


- Comment tu-


- Je t'ai vus, le coupa Reese, tu n'es pas le seul à te balader la nuit."


Reese se mit à rire doucement. Le gris détourna le regard.


-"La prochaine fois que tu te balade, envoie moi un message, c'est plus sympa de se balader avec quelqu'un que seul. Avec un peu de chance j'arriverai à te convaincre de venir aux entraînements collectifs", ajouta-t-il un sourire aux lèvres.

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