Chapitre 7

Morgane


J'étais surprise que Maxime sonne à ma porte tout-à-l'heure et je ne savais pas trop comment réagir. Le fait qu'il revienne au bout de tant d'année m'a pris au dépourvu et j'aimerais savoir pourquoi il revient, pourquoi maintenant ?


_ J'ai dix-neuf ans et toi ? Me demande-t-il.


_ J'en ai dix-huit.


_ Tu habites ici depuis longtemps ?


Il sait très bien que je vis ici depuis toujours, j'ai envie de mettre un terme à ce questionnaire débile et de poser la seule question qui m'intéresse vraiment :Pourquoi ?


_ Ça suffit, dis moi ce que tu veux, dis-je sur un ton plus sec que je ne l'aurais voulu.


_ Comment ça ?


_ Pourquoi tu reviens me parler au bout de tant d'année ?


Il réfléchit un instant, ne sachant quoi répondre.


_ En faite, je ne sais pas moi-même, répondit-il


Il a l'air tellement sincère et une lueur de culpabilité traverse son regard.


_ Tu m'intrigues, reprend-t-il.


Je reste muette quelques instants, qu'est ce qu'il veut dire par là ? Il me connaît depuis longtemps, je suis toujours la même, je n'ai pas changé : je lis toujours autant, mes parents sont toujours absents, rien n'a changé.


_ Je suis toujours la même pourtant.


_ Oui mais je ne te connais plus comme je te connaissais avant.


_...


_ Avant, on était tout le temps ensemble, tu étais la seule qui savait tout de moi et qui m'acceptais même quand je me sentais différents, tu me faisais me sentir normal.


_ Parce que tu es normal.


_ Tu sais très bien que non.


Les souvenirs remontaient peu à peu, les sorties au parc, quand je lui faisait des câlins alors qu'il pleurait à cause de son père, quand il m'a crié dessus parce que je lui avais demandé comment ça allait.


_ Tu te souviens de ce que tu me disais ? Lui demandais-je


_ Je t'ai dis tellement de choses à toi.


_ Tu me disais toujours : « Quand je serais grand, je ferais le tour du monde et je t'emmènerais avec moi ».


Je me souviendrais toujours de cette phrase qu'il me disais à chaque fois qu'il s'énervait, c'était comme une thérapie, une phrase qui le calmait, une phrase qui lui permettait de voir l'avenir sous un meilleur jour.


_ Oui, je m'en souviens.


_ Et tu te souviens de ce que je te disais toujours ?


_ Oui, tu me disais : « tu m'emmène ou tu veux mais je veux mes livres ».


Il sourit à ce souvenir avant d'ajouter :


_ Si tu lis autant qu'avant, je penses qu'il faudrait un 19 tonnes pour tout emmener, rit-il.


_ Ça s'est même aggravé avec le temps, confirmais-je.


_ On prendra un avion alors.


Je le regardais, sous le choc :


_ J'aimerais qu'on se reparle, tu sais, comme avant.


_ Moi aussi, mais on a plus 9 ans.


_ Et alors ?


_ Je suis toujours la même mais ma vie n'est plus la même, elle.


_ Explique moi, dans ce cas.


Je ne voulais pas étaler ma vie comme ça, je ne voulais pas qu'il me regarde avec ses yeux tristes et compatissants quand je lui dirais que mes parents n'étaient jamais là, que j'avais développé une sorte d'addiction à la vitesse...


_ Je préfère que tu vois par toi même.


La nuit commençait à tomber et les lampadaires qui surplombaient le parc s'allumèrent, le froid me mordait les joues et le vent me soufflait dans le dos.


_ Tu ne voudrais pas qu'on rentre ? Me demande-t-il.


_ Oui je veux bien.


Nous nous dirigeons vers la voiture, un pick-up GMC noir et montons pour être au chaud. Il mets le chauffage à fond et démarre.


Quand nous arrivons devant chez moi, je lui demande :


_ Tu veux rentrer ?


_ Non, merci, je dois rentrer, ma mère doit m'attendre.


Encore quelque chose qui ne risque pas de m'arriver ces temps-ci...


Je le remercie et sors de la voiture en lui souhaitant une bonne soirée.


_ A demain, dis-je en refermant la portière avec le sourire aux lèvres.

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